Ils sont comme les Quatre Fantastiques. Pour Julie, Antoine, Julien et Loïc, la sérigraphie est une affaire de goût.
Ils organisent également avec 3 autres ateliers, l’Atelier du Bourg et Barbe à Papier & l’Imprimerie, le festival du Marché Noir, consacré à la Micro-Édition et aux techniques d’impressions artisanales, sur Rennes.
Nous les avons interviewés.
«La Presse Purée» : pourquoi ce nom ?
C’est un jeu de mot avec la presse d’impression, et l’esprit cuisine/laboratoire que nous revendiquons à l’atelier.
C’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures couleurs.
Quand est-ce que la sérigraphie est entrée dans votre vie ?
Nous sommes tout les quatres issus de l’École des Beaux-Arts de Rennes, où nous avons eu la chance de travailler avec René Nogret, un enseignant génial qui nous a transmis son amour de la sérigraphie et de l’art imprimé en général.
Julie & Antoine ont ensuite fondé l’atelier dans leur garage, à la sortie de l’école en 2005, pour continuer à éditer leurs propres travaux. Julien & moi les avons rejoints en 2008, dans un nouveau local plus adapté.
Nous lisons sur votre site que vous organisez des cours et des stages pour permettre aux débutants de «découvrir les délices graphiques de la sérigraphie». Quelles sont les délices de la sérigraphie ?
On aime bien les références culinaires à l’atelier ! Il y a en effet cet aspect « cuisine » , avec les recettes secrètes.
La sérigraphie offre une grande richesse formelle, dans le choix des supports, des couleurs, et surtout dans le graphisme. Cette technique est à la portée de tous, pour peu que vous ayez de l’imagination et de la créativité.
Nous intervenons régulièrement auprès de publics novices ou amateurs, et le résultat est toujours surprenant ! L’impression apporte vraiment une valeur ajoutée aux dessins, collages et graphismes de toutes sortes, et les participants sont ravis de repartir avec des exemplaires de leurs créations.
Technique de sérigraphie : quel est le minimum indispensable pour commencer ? Citez quelque chose de facile et quelque chose de difficile à exécuter pour un débutant.
Il vous faut des écrans, une raclette, et des consommables (encre et papier), le reste est superflu.
Plus sérieusement, avec un petit budget de départ , vous pouvez imprimer un grand nombre de projets, que vous pouvez ensuite diffuser et vendre de manière « démocratique », dans le sens où les estampes sont accessibles financièrement au plus grand nombre. S’ équiper pour imprimer du T-Shirt reste quelque chose de très abordable, avec souvent un bon retour sur investissement .
Les visuels plus élaborés, qui comprennent plusieurs passages, sont plus difficiles techniquement, mais rien d’insurmontable en soi.
C’est un medium très empirique, il faut juste être attentif à ce qui se passe, le reste n’est que pratique.
Nous savons que vous êtes des micro-éditeurs et que vous produisez des impressions artistiques. Pouvez-vous nous en parler ? Quels sont les avantages de l’autoproduction ?
Parallèlement à nos pratiques personnelles et aux travaux de commandes pour des artistes et graphistes, nous développons une ligne éditoriale, en faisant appel à de jeunes artistes dont le travail nous stimule, en cherchant à le diffuser sous une forme nouvelle : Livres, graphzines, projets collectifs, affiches .
Le projet Oeil Pour Oeil a par exemple réuni 12 artistes autour de la contrainte de l’anaglyphe (3D) et de la vision : le livre fonctionne avec des lunettes Bleu/Rouge, et chacun a joué des codes de cette technique, avec des choses surprenantes (volumes, vibrations, images subliminales . . . ).
Ce type de projet expérimental est ce vers quoi nous tendons : sortir du plan de la feuille et des sentiers battus.
Tous les sérigraphes ont un secret. Pouvez-vous nous dévoiler une astuce technique que vous utilisez souvent lorsque vous imprimez ? Ou un « truc » que vous avez inventé pour résoudre un problème d’impression ?
Nous avons pleins de « tricks », je crois que c’est le propre du sérigraphe.
Pour les projets qui exige une importante finesse de superposition, nous imprimons en calage « visuel » : une feuille de rodoïd est fixée à cheval entre le support et le plan d’impression avec une charnière en scotch, nous l’imprimons pour obtenir l’emplacement exact de notre impression, et cela nous permet d’avoir le calage le plus précis possible.
Nous travaillons a proximité d’un canal, donc dans une zone « tropicale ». Le papier a tendance à se gorger d’humidité et à se déformer ( jusqu’à 1 cm ! ), ce qui pose problème pour les superpositions précises, on joue donc du sèche-cheveux pour redresser les feuilles entres 2 passages . Système D for ever !
Eau ou plastisol ?
Eau ! La vie est plus belle quand on travaille sans gants & sans masque .
Que trouve-t-on dans votre laboratoire ?
Nous avons deux presses, dont une Tiflex à bras « King Size », et une autre plus adaptée aux T-shirts et petits formats, plus des plans de travail mobiles. Des claies de séchages de 120 x 90 cm, un meuble à plan, un massicot, et tout le nécessaire pour l’insolation, ainsi qu’un gros stock de papier et d’encre, et surtout une bonne chaîne HiFi pour travailler sur des rythmes endiablés !