L’Écurie est une association, un atelier d’expérimentations plastiques avec une mission: promouvoir l’art contemporain, la création et la sérigraphie en milieu rural. Nous avons parlé à Karine pour nous raconter l’histoire de l’association.
Bonjour Karine, présentez-vous à nos lecteurs. Qui êtes-vous et que faites-vous ?
Bonjour ! Je suis Karine Aboudarham, je suis designer objet de formation mais j’ai très peu exercé ce métier.
En 2011 avec 2 autres personnes nous avons fondé l’association L’Écurie, dont je suis la présidente.
Aujourd’hui j’ai différentes casquettes : technicien bâtiment, scénographe… et sérigraphe.
Comment est née l’Écurie et quelle est votre mission ? Pourquoi ce nom ?
L’association L’Ecurie est née en 2011. Nous l’avons montée avec Cédric Guillermo, artiste plasticien, et Julien Croyal, illustrateur et motion designer. Nous venions de finir nos études et nous souhaitions monter une structure chez nous en milieu rural, à Saint Jean Brévelay dans le Morbihan (Bretagne).
Le but était pour nous de favoriser à la fois la jeune création professionnelle et l’accès à l’art contemporain pour le public rural.
Dans ce but nous avons commencé à organiser des événements artistiques gratuits, avec le soutien de la commune.
Le nom de l’association vient de notre premier local, qui autrefois servait à la traite des vaches.
Chez nous on ne disait pas étable mais bien écurie, même pour les vaches…
Nous lisons sur le site de l’Écurie que vous organisez des cours et des stages pour permettre aux débutants de découvrir la sérigraphie. Qui participe à vos cours ? Quelles sont les attentes des participants ?
Lors d’un de nos événements artistiques en 2013, nous avons exposé le collectif l’Atelier du Bourg situé à Rennes, composé à l’époque de Julien Lemière, graphiste, Anna Boulanger, illustratrice, Anthony Folliard, graphiste, et Sylvain Descazot, designer objet. Ils font beaucoup de sérigraphie et on avait organisé en plus de l’exposition, des ateliers de découverte avec des centres aérés et des adultes. Ces ateliers ont très bien fonctionnés, les gens étaient très enthousiastes ! Certaines personnes sont venues de loin, ce qui nous a fait comprendre qu’il n’y avait pas d’autre structure dans le département qui proposait de tels ateliers…
L’idée a alors germé de monter un club de sérigraphie au sein de L’Ecurie avec Maelenn Guillard, artiste graveur et art thérapeute, et Maud Lodevis, graphiste. Nous avions toutes les trois déjà eu des contacts plus ou moins forts avec cette technique, mais aucune pratique régulière et indépendante. Au niveau de l’association, l’investissement en matériel minimum était dans nos moyens.
Alors nous nous sommes lancées. Deux ans et demi plus tard, le club fonctionne bien. Il ne s’agit pas de cours mais vraiment d’un club où les gens viennent avec un projet.
Nous guidons bien sûr les gens pas à pas les premiers temps. Ensuite tous les participants s’aident également entre eux, et échangent sur la technique et l’artistique.
Le public qui participe à cet atelier est très varié en âge et en horizon professionnel : cela va d’une activité de loisir à des gens qui souhaitent commercialiser leur production. Nous avons de l’impression papier et textile.
Art et milieu rural. Quel est le lien?
Si l’art est bien sûr présent depuis longtemps en milieu rural, comme par exemple l’art religieux (calvaire, église…), l’art contemporain et plus généralement la création contemporaine peine à conquérir les cœurs. Elle est souvent perçue comme moins virtuose techniquement, et hautaine voire un peu snob.
Nous essayons de vulgariser ce domaine qui nous passionne en montrant au public qu’aujourd’hui on peut faire des choses qui ont du sens, qui font rire, et qu’il n’y a pas besoin d’avoir fait des études pour l’apprécier.
Bref qu’on peut se faire plaisir à voir …et à faire.
Quand est-ce que la sérigraphie est entrée dans votre vie ?
En première année d’école d’art j’avais suivi un module en sérigraphie, puis j’avais utilisé cette technique ponctuellement lors de projet.
Mais la renaissance date de cette exposition de l’Atelier du Bourg. L’idée de pouvoir mener mon projet de A à Z, de la première esquisse à la dernière goutte d’impression, m’a beaucoup plu.
Le fait de ne pas être devant un ordinateur également, même si je peux l’utiliser parfois pour la conception de mes typons. Voir l’objet naître de ses mains est très agréable !
Si vous deviez expliquer la sérigraphie à quelqu’un qui n’en a jamais entendu parler, que diriez-vous ?J’expliquerais que c’est une technique qui permet d’imprimer de courtes séries à l’aide de pochoirs.
J’ajouterais qu’on la reconnaît à la beauté de ses aplats et au petit nombre de couleurs utilisées. Et aussi que c’est de là que viennent les affiches de Mai 68…
Technique de sérigraphie : citez quelque chose de simple et quelque chose de difficile. Quelque chose qui vous plaît particulièrement et quelque chose qui vous ennuie.
N’ayant pas d’imprimante pour les typons ni de système d’insolation très efficace (on fonctionne aux lampes de chantier), préparer des cadres avec des finesses restent toujours un pari, trop souvent laborieux. Le plus simple est d’imprimer le cadre une fois qu’il est bien réussi !
J’aime spécialement imprimer la deuxième couleur, l’impression prend alors de l’ampleur, les éléments interagissent entre eux et ça devient magique ! Par contre tout l’aspect nettoyage m’ennuie beaucoup.
Et j’aime d’autant moins que j’utilise chez moi ma baignoire, à même le sol, alors je peux vite me faire mal au dos.
Eau ou plastisol ?
Eau ! Par écologie au départ, mais finalement par praticité à l’arrivée…
Que trouve-t-on dans votre laboratoire ?
Beaucoup trop de choses pour la place disponible !
Dans la salle du club de sérigraphie, qui nous est prêtée gracieusement par la commune uniquement lors d’un créneau horaire, on ne dispose que du minimum qui doit tenir dans les deux armoires dont nous disposons. Il n’y a même pas de place pour ranger une bouilloire pour un thé !
Chez moi, où j’ai le matériel d’impression en fixe, j’ai également mon ordinateur, des échantillons de tissu, mes documents concernant le bâtiment et les anciens posters de l’association. Je manque toujours de place, alors parfois je déborde sur le salon. Mea culpa !
Aujourd’hui pour l’association comme pour moi, le problème principal est l’espace. Trouver un local uniquement dédié à la sérigraphie à plein temps permettrait une belle expansion !
En savoir plus:
Association L’Écurie website >>
Association L’Écurie Facebook >>